top of page

INTERVIEW D'UNE ORTHOPHONISTE

Le 11 novembre 2015, nous avons rencontré Stéphanie Nadaud qui est orthophoniste au centre orthophonique pédagogique experimentale à Paris et s’occupe entre autres d’enfants sourds et malentendants. Nous avons donc eu l’occasion de lui poser quelques questions en lien avec notre sujet, c’est-à-dire la communication entre sourds et entendants.

 

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre métier ?

       Je suis orthophoniste, je m’occupe donc de la rééducation des troubles du langage, mais  je prends aussi en charge des enfants sourds. J’accueille les bébés sourds, qui ont généralement des parents entendants, donc je fais aussi de la guidance parentale, je les aide à accepter la réalité. Concernant les petits, un bébé sourd va quand même émettre des sons comme n’importe quel enfant, mais vers l’âge de 6 mois, puisqu’il ne s’entend pas, il cesse de « parler ». Il faut donc donner envie à ces enfants de continuer à produire des sons.

 

Et pour les enfants plus âgés ?

       Je les aide principalement à oraliser, mais avant cela, la première difficulté pour eux est de mettre un sens sur les paroles, sur ces sons qu’ils s’entraînent à répéter des centaines de fois. Pour les aider, j’utilise de la mémo-gestuelle, et ensuite ils apprennent le Langage Communiqué Parlé, qui consiste à faire des petits gestes pour faciliter la lecture labiale. Le principal objectif est de développer la communication.

 

Quelles sont les aides possibles pour ces enfants ?

     Les signes (LSF comme LPC) aident beaucoup, et les parents et proches de ces enfants sourds doivent se mettre à la langue des signes, mais évidemment il est préférable pour les jeunes de savoir lire sur les lèvres et oraliser, car très peu de gens pratiquent la LSF, et s'ils veulent pouvoir communiquer avec un maximum de personnes, la langue des signes ne peut les aider.

Ils peuvent aussi porter des appareils auditifs. On met généralement des contours sur les oreilles des bébés très tôt (dès 3 mois) pour développer leur audition. Je dois apprendre aux enfants à analyser ce qu’ils entendent grâce aux appareils, car même s'ils entendent beaucoup mieux, ils n’entendent pas aussi bien que nous et ils doivent apprendre à analyser ce qu’ils perçoivent pour y mettre du sens. Un autre appareillage est possible : l’implant cochléaire. L’implant est plus lourd en conséquences, car il nécessite une opération. Certains parents eux-mêmes sourds refusent que leur enfant soit implanté, car il peut ensuite y avoir des soucis d’identité, c’est-à-dire ne pas être totalement sourd (donc être rejeté par la communauté sourde) ni totalement entendant.

 

Est-il possible pour un enfant sourd de suivre le cursus scolaire classique ?

       Oui tout à fait. C’est bien sûr plus compliqué car il doit en plus des heures d’école faire des heures d’orthophonie, et il doit toujours être très concentré en classe pour tout comprendre. Mais bien sûr là aussi il dispose de différentes aides, comme une « codeuse », c’est-à-dire une personne qui se place à côté de la maitresse et répète en LPC tout ce que la maitresse dit. L’élève peut aussi avoir une oreillette reliée à un micro que possède la maitresse, pour pouvoir entendre ce qu’elle dit à une intensité plus élevée, comme si elle parlait directement à l’oreille de l’enfant. Donc il est totalement possible pour une personne sourde de mener une scolarité dite classique, et même de passer son bac.

 

Merci beaucoup Madame Nadaud de nous avoir accordé ce temps pour répondre à nos questions, et nous avoir éclairées sur ce sujet.

ortho1
bottom of page